Free Town Project, une expérience libertarienne

Quelques mots sur le livre de Matthew Hongoltz-Hetling, A Libertarian walks into a bear: the utopian plot to liberate an american Town, qui traite du Fee Town Project mené à Grafton, New Hampshire, débuté en 2004.

D’abord un rappel de ce qu’était le Free Town Project. Il s’agissait de faire venir suffisamment de libertariens dans la ville de Grafton, afin de poser sur les décisions municipales pour en faire la première ville libertarienne (ou s’en approcher le plus). Les fondateurs du projets étaient : Bob Hull, Tim Condon, Mike Lorrey et Larry Pendarvis (je parlerais de ce personnage à la fin). Ils trouveront un fervent soutien auprès de John Babiarz, résident de Grafton, président du parti libertarien du New Hampshire, plusieurs fois candidat au poste de gouverneur.

Malgré l’accueil plutôt glacial des autochtones, les colons libertariens ont réussi à imposer plusieurs mesures : la fin du financement du County Seniors Citizens’ Council (association proposant des activités socio-culturelles aux personnes âgées), la quasi-suppression du Comité de planification, la réduction de 30 % du budget municipal, la fermeture de facto du Conseil d’urbanisme (budget passant de 2000 $ à 50 $), la suppression de l’éclairage public. Bien entendu, les libertariens n’ont pas touché aux mesures préexistantes qui correspondaient à leur philosophie : quasi-absence de règlement en matière de zonage ou de construction, très grande souplesse en matière de port d’arme.

Anecdote amusante sur ce sujet. Avec le Free Town Project, les Graftoniens ont pu observer de plus en plus d’individus paradant armés, flingues à la ceinture bien visibles (même pendant les assemblées municipales, ce qui pose un sérieux problème démocratique ! ). Cette pratique n’était pas du goût d’un autre amateur d’armes à feu (non libertarien), qui considérait la propension à adopter ce comportement comme inversement proportionnel à taille du pénis… Il considérait également que c’était stupide et irresponsable car cela risquait de rendre les gens anti-armes.

Passons maintenant aux conséquences de la colonisation de Grafton par ces libertariens.

Des routes qui se fissurent et se transforment en nids de poules par manque d’entretien, des ponts qui risquent de s’effondrer, des bureaux municipaux avec des fils électriques qui pendouillent, des fuites d’eau, un envahissement de fourmis et de termites, une vieille voiture de police qui se trouve à fréquemment à l’atelier.

Qu’en est-il des comportements de responsabilité et de non-agression, chers aux libertariens, ont-ils été au rendez-vous ? 

Remarquons qu’ils n’ont jamais réussi à créer une milice pour garantir la sécurité, malgré des tentatives. Le nombre d’appels à la police a augmenté de plus de deux cents par an, Grafton a été le théâtre du premier meurtre de mémoire d’habitant. Les frais juridiques de la ville sont passés de 275 $ avant le Free Town Project à 9 400 $ en 2011 ! Sur un autre sujet, le taux de recyclage est passé de 60 % à 40 %, des plaintes pour infiltration d’eaux usées et autres insalubrité ont vu le jour, notamment parce que n’ayant pas une politique de zonage et de construction, n’importe qui peut s’installer n’importe où, n’importe comment !

Grafton a fait l’actualité en 2012 parce qu’a eu lieu la première attaque d’ours (heureusement non mortelle) envers un humain, de l’État depuis des décennies. Si Grafton vit entourée d’ours comme de nombreuses villes du New Hampshire, que la population ursine croît, l’arrivée des libertariens n’a pas arrangé les choses. Le non-zonage a multiplié les rencontres humains-ours, ces derniers n’hésitant pas à venir, attirés par la nourriture. Le refus d’imposer des règles – interdire le nourrissage, rentrer ses poubelles, ne pas laisser de mangeoires la nuit – au nom du respect de la propriété privée n’a fait que rendre plus probable une attaque. Peut-être cela aurait-il pu être évité si les services de l’État avaient été tenus informés mais bien entendu, ce n’était pas dans l’esprit libertarien.

Pour finir un mot sur Larry Pendarvis, un des fondateurs du Free Town Project. Pendarvis est considéré par plusieurs libertariens comme une des causes de la réticence des autochtones de Grafton au projet. En effet, il n’hésitait pas à défendre le droit à l’inceste, au cannibalisme (consenti ! ) ou encore le droit d’organiser des combats de clochards ! Visiblement cet individu cherchait dans la philosophie libertarienne un moyen de réaliser ses pulsions criminelles. Etant donné son passé d’amateur de pédopornographie, ce n’est pas étonnant. Cependant, comme je l’ai dit, beaucoup de libertariens se sont démarqués de Pendarvis. Toutefois, je ne peux m’empêcher de me demander si parmi les libertariens déclarés, il n’y en a pas qui le sont pour des raisons semblables plutôt que pour des raisons philosophiques.

Un commentaire

  1. encore de la folie en vadrouille!
    dans ces groupements, il semble y avoir un certain nombre d’illuminés!
    encore des sources de méfiance!
    !!! de la prudence à développer!!!!
    leurs discours ne doivent pas être facile à suivre!

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